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2025 : Transport routier et échéances écologiques : où en est la transition ? 

Transport routier : bilan 2024 et perspectives 2025 selon la CSIAM

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Le secteur du transport routier est confronté à des transformations majeures, portées par les exigences environnementales et les mutations économiques. La CSIAM (Chambre Syndicale Internationale de l’Automobile et du Motocycle) a présenté un bilan détaillé de l’année 2024 et les perspectives pour 2025, mettant en lumière l’évolution des immatriculations, la transition énergétique et les grands défis structurels du marché.

Entre adaptation aux nouvelles réglementations et nécessité d’investir dans des technologies plus propres, les acteurs du secteur doivent naviguer dans un environnement incertain tout en anticipant les mutations à venir. L’année 2024 a été marquée par une activité soutenue et des chiffres positifs aux niveaux des acquisitions de véhicules, notamment sous l’effet des Jeux Olympiques de Paris 2024.

2025 : Transport routier et échéances écologiques : selon la CSIAM où en est la transition ? 

Une transition énergétique progressive et complexe

L’objectif européen de réduction des émissions de CO₂ impose une transformation du parc roulant, avec une diminution de 15 % des émissions pour les poids lourds de plus de 16 tonnes d’ici 2025. Les PME, qui représentent 85 % des acteurs du transport routier, sont particulièrement concernées par ces évolutions et font face à des enjeux d’adaptation significatifs. Le marché affiche une part croissante de véhicules à énergie alternative, représentant plus de 10 % des immatriculations en 2024, incluant le B100, le gaz et l’électrique. La CSIAM souligne la nécessité d’un accompagnement spécifique pour éviter une transition à deux vitesses entre grands groupes et petites entreprises.

« La Stratégie Nationale Bas Carbone 3, que nous soutenons avec conviction, fixe l’objectif de 50 % de poids lourds électriques dans les immatriculations neuves d’ici 2030. Cet objectif est notre boussole. Avec les acteurs de la branche VI de la CSIAM, nous mettrons notre expertise et notre esprit d’innovation au service de cette transformation. »

précise Benoit Tanguy, Président de la branche véhicules industriels de la CSIAM et Président Directeur général de Scania France.

Dynamique des différents segments de véhicules industriels

Sur le segment des poids lourds (+7,5 tonnes), on constate une stabilisation du marché en 2024 avec 47 201 immatriculations, reflétant les carnets de commandes 2023. L’Observatoire du Véhicule Industriel (OVI) prévoit pour 2025 une baisse, estimée entre 41 000 et 44 500 immatriculations, en raison d’une incertitude économique et géopolitique freinant les investissements des transporteurs. Cela dit, le marché reste à des niveaux « normaux », comparables à 2019 avant la pandémie.

Porteurs versus tracteurs routiers : les livraisons de porteurs (+15 %) dépassent celles des tracteurs, principalement en raison de délais de carrossage plus longs qui avaient freiné les livraisons par le passé. Cependant, il est important de noter que cela ne reflète pas un changement structurel dans la demande : les volumes devraient s’équilibrer avec la stabilisation des stocks et des délais de livraison (90 jours pour un tracteur, 120 jours pour un porteur).

Transition énergétique et enjeux PME : la transition énergétique reste un défi majeur, notamment pour les poids lourds de plus de 16 tonnes, qui représentent 90 % des volumes et sont au cœur des objectifs de décarbonation fixés par l’Union européenne pour 2025. Ce secteur, dominé à 85 % par des PME possédant moins de 10 véhicules, nécessite un soutien adapté pour éviter une transition à deux vitesses. La CSIAM dit militer pour des mécanismes simplifiés, via par exemple au guichet d’aide du programme France Relance.

Le segment des autobus présente une évolution notable avec 80 % des nouvelles immatriculations en électrique ou gaz en 2024, grâce au soutien des collectivités locales et des incitations publiques. En revanche, le marché des autocars reste freiné par le manque d’infrastructures adaptées. Pour les véhicules utilitaires légers (VUL), la transition est amorcée avec 10 % de modèles à énergie alternative, même si les immatriculations de véhicules électriques ont connu une baisse en 2024, en raison de la fin de certaines aides publiques. Sur le segment des 3,5 à 7,5 tonnes, les alternatives énergétiques atteignent parfois 50 %, bien que ce marché demeure encore instable.

État du parc des VI à partir de 7,5T : répartition du parc des poids lourds par vignette Crit’Air au 1er janvier 2024 (concerne les poids lourds > à 3,5T)
État du parc des VI à partir de 7,5T : répartition du parc des poids lourds par vignette Crit’Air au 1er janvier 2024 (concerne les poids lourds > à 3,5T)

L’électrique s’installe mais doit encore surmonter des obstacles

En 2024, 653 poids lourds électriques ont été immatriculés, dont 489 porteurs et 164 tracteurs routiers. Si la tendance est à la hausse, plusieurs obstacles persistent, notamment le coût d’acquisition qui pose encore question pour les nombreuses PME de la filière et le manque d’infrastructures de recharge. Le temps de déploiement des installations électriques, estimé entre 6 et 9 mois, constitue un frein supplémentaire, tout comme l’adaptation des centres de maintenance à ces nouvelles motorisations. Selon la CSIAM, il est nécessaire de renforcer les incitations financières et d’accélérer le développement des infrastructures de recharge pour accompagner cette transition.

Le rôle de l’hydrogène dans le mix énergétique ?

Bien que présent dans les discussions sur la décarbonation du transport routier, l’hydrogène reste marginal dans les immatriculations. Son adoption est freinée par des coûts d’exploitation élevés et l’absence d’infrastructures adaptées. Selon les protagonistes, trois conditions sont nécessaires pour une transition réussie : la disponibilité des véhicules, des infrastructures adéquates et une compétitivité coût par rapport aux solutions thermiques, ce qui s’applique également à l’électrique qui avance doucement pour l’instant.

L’hydrogène pourrait être une solution complémentaire à l’électrique pour les applications lourdes ou techniques, mais n’est pas encore en mesure de s’imposer largement. La CSIAM souligne également l’importance du développement d’une filière hydrogène adaptée aux besoins des transporteurs. Des acteurs, hors adhérents CSIAM, travaillent sur le sujet dans l’hexagone, par exemple la société Hyliko.

Un cadre financier pour accompagner la transformation

Pour soutenir cette transition, les dispositifs d’aides publiques et privées également jouent un rôle crucial.

Nouvellement arrivé,le système des Certificats d’Économie d’Énergie (CEE)financé par les énergéticiens, actif jusqu’à fin 2026, propose des subventions attractives : 53 000 € pour un tracteur électrique et 3 200 € pour un VUL.

En 2024, les aides ont permis de cofinancer 251 poids lourds (guichet PME*) et 1 911 camions électriques (appel à projets*). Ces véhicules seront progressivement immatriculés en 2025 et 2026, portant le potentiel à environ 3 000 unités. Cette dynamique peut montrer un véritable décollage, bien qu’une partie des immatriculations soit encore conditionnée par la contractualisation des commandes et la mise en place des infrastructures nécessaires. La CSIAM continue de militer pour une simplification des démarches d’accès à ces aides afin de garantir une adoption plus large des technologies propres, les TCO des nouveaux véhicules étant encore élevés.

Contexte règlementaire et échéances : règlement européen sur les émissions de CO2 (VECTO) et règlement sur les normes de performance en matière d'émissions de CO2 pour les VP et les VUL (CAFE).
Rappel du contexte règlementaire et échéances : règlement européen sur les émissions de CO2 (VECTO) et règlement sur les normes de performance en matière d’émissions de CO2 pour les VP et les VUL (CAFE).

Conclusion : vers une recomposition du marché

Orientée vers une recomposition du marché, la décarbonation du transport routier repose sur un mix énergétique diversifié, où l’électrique prend une place croissante mais cohabite avec le biocarburant, le gaz et potentiellement l’hydrogène.

La structuration industrielle devrait encore évoluer avec une transformation des lignes de production et des réseaux de maintenance (actuellement les lignes de montages thermiques intègrent souvent les motorisations électriques). Alors que le secteur fait face à des défis économiques et technologiques, les investissements en infrastructures et le soutien aux transporteurs sont plus que jamais déterminants pour réussir cette transition.

La CSIAM insiste sur l’importance d’une approche empirique et d’un accompagnement financier stable pour permettre aux transporteurs d’investir sereinement dans l’avenir du transport routier. Un travail important est à continuer concernant les infrastructures de recharge (sur site, sur la route et à destination) pour que les lignes de livraison deviennent viables, ce sont les énergéticiens qui sont au cœur de ce dispositif d’avancement, les points de charge publiques devraient doubler pour la France en 2025, année des premières échéances…

Entre bilan pragmatique et posture rassurante, 2025 est bien une année clé pour la CSIAM et ses onze adhérents qui se sont engagés de manière très importante dans la transition vers l’électrique pour les métiers du transport par route.

De nombreuses questions restent posées

Bien que la transition soit amorcée et absolument nécessaire – nous en sommes tous conscients –, un décalage significatif semble subsister entre les textes adoptés, la volonté de mettre en place de nouveaux dispositifs à grande échelle et la réalité des entreprises ainsi que de l’industrie automobile, tant les changements à opérer sont colossaux. Parmi les nombreuses questions connexes, qu’en est-il des pénalités susceptibles d’être infligées aux constructeurs, notamment plus de 4 000 € par gramme de CO₂ par tonne-kilomètre ?  Les objectifs de réduction des émissions de CO₂ imposés seront-ils atteints dans les délais impartis ? Avec objectivité, d’aucuns s’interrogent…

CGM pour Truckeditions

* ADEME

Plus d’infos sur la CSIAM

Plus d’infos sur l’Observatoire du Véhicule Industriel (OVI) à lire sur Truckeditions concernant les perspectives 2025

Rappels des objectifs de réduction des émissions de CO2 pour les poids lourds :

  • 2030-2034 : réduction de 45 %
  • 2035-2039 : réduction de 65 %
  • À partir de 2040 : réduction de 90 %
    (par rapport aux niveaux de 2019)
Extension du champ d’application :

Les nouvelles normes s’appliqueront à presque tous les camions, y compris :

  • Les véhicules professionnels (camions poubelles, bennes, bétonnières) à partir de 2035
  • Les bus urbains et longue distance
  • Les remorques
Objectifs spécifiques pour les remorques :
  • Remorques : réduction de 7,5 % des émissions à partir de 2030
  • Semi-remorques : réduction de 10 % des émissions à partir de 2030
Une photographie actualisée de l’emploi et de la formation dans le transport et la logistique pour 2024 : le rapport OPTL fait le point

Teaser My Job My Truck 🚛 Ep17 👉 avec Isabelle Lepage #ATIL&GTS

Nouvel épisode à ne pas manquer la semaine prochaine sur Truckeditions ! Cette fois-ci, Vincent Mahé nous emmène sous le soleil éclatant du Var, à la découverte d’un nouveau parcours professionnel et d’une personnalité pleine de ténacité. 🏞️

Direction Saint-Raphaël pour rencontrer Isabelle Lepage, conductrice de camion-benne depuis près de 20 ans pour le Groupe ATIL & GTS, une entreprise familiale bien connue du sud-est depuis plus de trois décennies. 🚛 À bord de son puissant IVECO X-Way de 510 chevaux, équipé d’une benne Fruehauf, Isabelle nous plonge dans son quotidien : transporter du granulat local, le fameux porphyre bleu, depuis la Carrière des Grands Caous jusqu’au client final, Cifreo Bona, à Montauroux, et également en simultané, manager la partie transport de ciment de son entreprise, tout un programme !

Vous verrez qu’Isabelle incarne la persévérance et la passion dans un métier qui, il y a quelques années encore, voyait peu de femmes au volant. Son message : avec détermination, tout est possible. 💪

🔜 Rendez-vous dès mercredi prochain sur Truckeditions pour suivre Isabelle qui nous racontera son parcours unique dans un reportage My Job My Truck toujours en partenariat avec IVECO

Perspectives 2025 : un marché du transport routier en mutation, tendu face aux enjeux réglementaires et économiques

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