Mon Job, c’est conducteur de camion citerne chez GreenGen
#16 My Job My Truck : transport de biodéchets. Cédric Viltard
Le jour s’est déjà levé à Avallon, il fait froid mais le soleil nous accompagne, nous vous retrouvons dans l’Yonne, tout près d’Auxerre, pour ce nouvel épisode de My Job My Truck, toujours en partenariat avec IVECO, à la rencontre d’un métier au cœur de la transition énergétique. Et pour cause, aujourd’hui, Vincent nous emmène à la centrale biométhane d’Avallon Bio Energie, où il a rendez-vous avec Cédric Viltard, conducteur routier pour la société GreenGen.
Créée en 2023 par des experts de la filière Biogaz, GreenGen est une entreprise pionnière dans le transport durable. Avec une flotte roulant exclusivement au bioGNV, elle se consacre à l’acheminement d’intrants, de digestats et de biogaz sur tout le territoire français. Cédric, basé dans la région auxerroise, est le conducteur référent du secteur pour cette jeune société en pleine expansion.
Aux commandes de son IVECO S-Way de 460 ch GNC, équipé d’un groupe hydraulique Marrel et attelé à une citerne CIT Maisonneuve, il transporte un chargement bien particulier : une « soupe » organique, mélange liquide de biodéchets destiné à produire du biogaz. La mission du jour ? Rejoindre la ferme de méthanisation de Caume, à Domecy-sur-Cure, pour livrer ce précieux mélange afin d’alimenter la production locale d’énergie renouvelable. Entre technologie de pointe, mission écologique et quotidien sur la route, Cédric nous fait découvrir son univers tout de vert coloré.
Cédric Viltard, 45 ans, est chauffeur routier chez GreenGen, une entreprise créée en août 2023. Mécanicien PL de formation, après avoir obtenu ses permis PL et SPL en 1998, Cédric a rapidement trouvé sa voie sur les routes. Fier de son métier qu’il exerce depuis l’âge de 19 ans, son parcours professionnel est constitué de moult compétences associées à une polyvalence naturelle.
Il débute en livrant des aliments pour bétail, avant de se tourner vers la conduite d’engins et de porte-char en Haute-Savoie. De retour dans sa région depuis quelques temps, il intègre finalement Green Gen en février 2024, dont il connait déjà les dirigeants. Il apporte avec lui une riche expérience, marquée par sa double compétence en mécanique poids lourd et en conduite de camions.
Cédric pratique aussi l’équitation, une discipline qui lui a inculqué rigueur et patience. Depuis sa base d’Auxerre, il transmet aujourd’hui son savoir-faire en accompagnant les nouveaux chauffeurs dans la maîtrise technique du transport en citerne.
Cédric : «Notre génération n’a pas toujours pris en compte les enjeux environnementaux, mais nous réalisons aujourd’hui l’importance de penser à la planète et aux générations futures. »
«Le siège de GreenGen est à Bordeaux, mais notre activité de méthanisation se trouve près d’Auxerre. Sur place, la présence d’un chauffeur expérimenté est essentielle pour intervenir en mécanique si nécessaire et former les nouveaux conducteurs à l’utilisation des citernes. Grâce à mon expérience, je peux encadrer les jeunes conducteurs, les dépanner et les accompagner dans leur prise de poste.
GreenGen est spécialisée dans le transport de déchets liquides destinés à la méthanisation. Nous avons deux sites locaux : à Avallon, où les déchets sont déconditionnés pour retirer les emballages plastiques et autres indésirables avant transformation, et à la Ferme de Caume, à Domecy-sur-Cure, où le processus de méthanisation transforme également la matière organique en biogaz.
Ce sont de belles installations, modernes et propres. Il y a un réel investissement pour valoriser les déchets et les transformer en BioGNV. C’est important parce que notre génération n’a pas toujours été habituée à faire attention à ces questions environnementales. Aujourd’hui, on prend conscience qu’il faut penser à la planète, à nos enfants et à nos petits-enfants.
À l’heure actuelle, nous acheminons les matières vers les sites de méthanisation pour produire du biogaz, qui est injecté dans le réseau GRDF. Mais à terme, nous pourrons aussi livrer directement les stations gaz avec des citernes adaptées, cela permettra de garder un circuit court entre les agriculteurs, les méthaniseurs et les consommateurs de gaz, comme les transporteurs ou autres entreprises locales. »
Cédric : « C’est un cercle vertueux. Les agriculteurs produisent les matières premières pour nous nourrir. Ensuite, nous consommons, nous trions, et les déchets sont transformés en gaz. »
« Les résidus, issus de la méthanisation que l’on appelle du “digestat”, retournent ensuite aux agriculteurs pour fertiliser leurs cultures. Le gaz bio, ainsi produit et utilisé pour le transport, permet de réduire de 80 % les émissions de CO2 par rapport au diesel.
Mon rayon d’action couvre principalement la moitié nord de la France, au-dessus de Lyon. Je vais régulièrement en Vendée, en Normandie, jusqu’aux frontières belges et allemandes, et aussi en région parisienne. Chez GreenGen, on intervient sur une grande partie du territoire. Cela dit, je ne pars pas à la semaine, car j’ai besoin de préserver ma vie de famille. Généralement, je ne découche que deux ou trois nuits par semaine.
Je suis fier de mon parcours. Les différentes expériences que j’ai vécues m’ont permis d’acquérir des compétences solides, que ce soit en mécanique ou en transport. Aujourd’hui, chez GreenGen, tout cela prend sens. C’est une société jeune, dynamique, et engagée dans une démarche écologique qui correspond à mes valeurs. »
Cédric : « En tant que conducteur référent, je porte une attention particulière à la conduite économique, où l’anticipation est essentielle, surtout avec un véhicule au gaz.»
« Je conduis un Iveco S-Way de 460 chevaux fonctionnant au gaz naturel comprimé (GNC). C’est un véhicule bien adapté à mes missions. Il est confortable et spacieux, plutôt idéal pour mes trajets. Il se comporte bien, notamment sur les routes de campagne que je fréquente beaucoup. C’est un bon compromis entre un camion routier longue distance et un véhicule régional. Le principal avantage du gaz, c’est le silence. Comparé à un moteur diesel, il y a beaucoup moins de bruit et de vibrations. À la fin de la journée, on est moins fatigué, ce qui fait vraiment la différence au quotidien.
Conduire un camion au gaz demande toutefois quelques ajustements. La compression d’un moteur gaz étant moins importante que celle d’un moteur diesel, cela réduit significativement le frein moteur et impose une conduite plus anticipative. Pour compenser, je m’appuie sur le ralentisseur hydraulique (Intarder) qui est bien efficace : je touche très rarement la pédale de frein, même avec une charge de 45 tonnes. Que ce soit avec du GNC ou du GNL (gaz naturel liquéfié), le ralentisseur reste indispensable. En tant que conducteur référent, je suis très attentif à la conduite économique. Avec un véhicule au gaz, anticiper est la clé : plus on anticipe, plus on économise du carburant. Cette exigence est encore plus importante car l’autonomie est limitée par rapport à un diesel. Là où un moteur diesel peut rouler jusqu’à 3 000 km, un camion au GNC atteint environ 600 km. Cela incite naturellement à mieux gérer la consommation, d’autant plus que les stations de ravitaillement sont moins nombreuses.
Une autre particularité concerne le transport en citerne. Le produit que je transporte est dense et épais, ce qui limite les mouvements du liquide par rapport à un contenu plus fluide comme l’eau. Mais il reste du “ballant” : le liquide se déplace en avant, en arrière et latéralement, ce qui nécessite une vigilance constante. Heureusement, la citerne mono-cuve et équipée de deux brise-lames qui la divisent en trois compartiments pour atténuer l’impact du mouvement du chargement.
Cédric : « Si je pense à mon tout premier camion… Aujourd’hui, grâce aux nouvelles technologies, je me dis que tout est plus souple et plus confortable, toutes ces évolutions rendent le métier bien plus agréable au quotidien. »
« Sur route, la conduite d’un moteur au gaz est assez différente d’un diesel. Le moteur de 460 chevaux couplé à une boîte automatique à 12 rapports, ne m’empêche pas de passer, de temps à autres, en manuel pour maintenir un régime optimal, notamment avant une côte ou lors d’un dépassement. Contrairement à un diesel qui plafonne autour de 1 800 ou 2 000 tours/minute, un moteur au gaz monte facilement jusqu’à 2 200 voire 2 500 tours/minute, ce qui est nécessaire pour compenser son couple plus faible.
Au-delà de l’aspect technique, rouler au gaz représente aussi une démarche écologique gratifiante. On critique souvent les camions pour leur impact environnemental, mais les progrès réalisés sont considérables. Aujourd’hui, les véhicules modernes polluent beaucoup moins que la majorité des voitures sur la route. Les technologies des camions sont en avance de 10 à 15 ans sur celles des voitures, notamment en matière de consommation et de réduction des émissions de CO₂ et de particules. Il y a eu un véritable bond en avant, et c’est satisfaisant de savoir que je contribue à une mobilité plus propre, notamment avec une énergie biosourcée.
Depuis que j’ai obtenu mon permis en 1998, j’ai vu le métier évoluer, tout comme le matériel. Le confort a énormément progressé : les boîtes robotisées, les commandes au volant et les sièges ergonomiques ont transformé notre quotidien. Mon premier camion n’avait ni direction assistée ni boîte synchronisée. Aujourd’hui, tout est plus souple, plus confortable, et cela permet de mieux se concentrer sur la conduite. Clairement, cela fait partie des évolutions positives du métier, et c’est un plaisir de pouvoir les vivre au quotidien.
Concernant le ravitaillement en gaz, le processus est simple et sécurisé. Avec le GNC, on est à une pression de 200 bars, contrairement au GNL qui est refroidi à -160°C qui offre une autonomie plus importante, d’environ 1 200 km. Avec un camion au GNC, l’autonomie tourne autour de 500 à 550 km, ce qui reste suffisant pour mes trajets. Le ravitaillement en GNC ne nécessite pas d’équipements particuliers, contrairement au GNL qui exige des protections spécifiques à cause des températures extrêmement basses. »
Avec cet épisode, nous avons une fois encore été témoins du professionnalisme et de l’engagement d’un conducteur : Cédric Viltard, au volant de son Iveco S-Way GNC, ne transporte pas seulement des biodéchets, il participe activement à la construction d’un avenir plus durable, où chaque kilomètre compte pour la planète.
Son parcours montre à quel point les métiers du transport évoluent et s’adaptent aux défis environnementaux. Entre son rôle de conducteur référent chez GreenGen, ses compétences en mécanique et son attention à la conduite économique, Cédric représente une génération de professionnels prêts à relever les défis d’une filière toujours challengée.
Des CAP aux BTS en passant par les BAC pro, vous avez beaucoup de portes d’entrée disponibles pour accéder aux métiers de mécanicien PL et de conducteur routier, sans compter les différentes formations qualifiantes pour adultes prodiguées par les écoles et les entreprises elles-mêmes.
Alors, si vous êtes prêt.e.s à rouler pour un monde plus vert, tout en cultivant constance, goût du contact et autonomie, il ne fait aucun doute que vous trouverez, comme Cédric, une belle harmonie entre travail et engagement écologique dans ce métier résolument tourné vers l’avenir 👍🏻🚛🌱.
Catherine Godeloup Mahé pour Truckeditions – décembre 2024© – Web-série My Job My Truck Saison 4 – Ep 16
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Intervenants dans ce reportage video Truckeditions.com : Cédric Viltard, conducteur de camion citerne chez GreenGen et Vincent Mahé – Truckeditions.
Programme My Job My Truck – Réalisation Vincent Mahé – Images additionnelles / drone Sébastien Péresse – Directrice de production Catherine Mahé Godeloup – Production exécutive Lampyris Production – Musique Motion Array – IvanArnold_StreakOfLuck / Happy Bright Morning – RoninProduction_MembersOfTheFamily / MediaWavesMusic_AdrenalineRush – Truckeditions 2024 ©.
La configuration du jour est composée d’un tracteur IVECO S-WAY 460 CH BioGNC et d’une citerne :
> Tracteur IVECO S-Way de 460 ch GNC (grande autonomie de 600 km).
> La citerne CIT Maisonneuve (32m3) est équipée d’un groupe hydraulique Marrel (avec une pompe dont le débit est de 360m3/h).