Mon Job, c’est dépanneur-remorqueur PL
My Job My Truck : dépanneur-remorqueur PL – Jean-Christophe Paluch
Chez Truckeditions, nous aimons vous parler de métiers à vocation, et nous allons, une fois de plus, vous le prouver dans ce nouvel épisode My Job My Truck, consacré au métier de dépanneur-remorqueur Poids lourds.
Ces professionnels engagés sont omniprésents sur nos routes, toujours vigilants, calmes et réactifs, ils conduisent des véhicules spectaculaires que beaucoup rêveraient un jour de piloter, pourtant ils restent discrets et toujours tournés vers l’urgence d’un dépannage imminent.
Et pour cause, ces conducteurs très particuliers ont plus d’une compétence sous le capot, ce sont tout d’abord des mécaniciens PL confirmés et des techniciens qui savent aussi, avec le concours de leur dépanneuse surpuissante, sortir d’un fossé ou d’un faux pas, un de leurs confrères en difficulté, ils incarnent, en quelques sortes, les Saint-Bernard de la route.
C’est au beau milieu du debrief matinal, à Freyming Merlebach en Lorraine, que nous avons retrouvé l’un d’entre eux, entouré de son équipe, au Garage Spannagel. Jean-Christophe Paluch, 18 ans de métier, conduit sur les routes un Volvo FH 16 550 ch 8X4, qui peut décoller avec sa boîte I-Shift à rapports super lents (BV ultra crawler) jusqu’à 200 T de charge. Nous sommes mardi et la semaine d’astreinte 24H/24H a commencé depuis 5 jours pour Jean-Christophe.
Pour notre mission du jour, toujours avec notre partenaire Volvo Trucks France, nous avons accompagné Jean-Christophe à une trentaine de kilomètres de sa base, pour remorquer un tracteur de son lieu d’immobilisation jusqu’à la concession Theobald de Sarreguemines, une belle occasion de découvrir le quotidien de ce professionnel très impliqué dans son entreprise et dans ses missions, tout en remorquant un attelage de 26 T, tracteur, semi et marchandises embarquées comprises, un chargement « très raisonnable » selon Jean-Christophe, qui a l’habitude de tracter beaucoup plus lourd…
Jean-Christophe en plein check de sa méga dépanneuse : « Rien ne me prédestinait à faire ce métier, mais ma passion pour la mécanique et mon goût pour le challenge et l’assistance en ont décidé autrement, sur la route que je me sens utile »
À 40 ans, Jean-Christophe Paluch est un professionnel posé, qui aime la logique et les situations nécessitant une certaine réactivité dans l’urgence. Derrière ce calme apparent, nous découvrons une personnalité décidée, dynamique et volontaire : « Cela fait 18 ans, que je suis dépanneur-remorqueur et je travaille pour Serge Spannagel déjà depuis 12 années. Mon parcours professionnel n’a rien à voir avec le dépannage, j’ai passé un CAP, un BEP puis un BAC pro de conduite et gestion d’exploitation agricole en production végétale, de ce fait j’avais déjà acquis de bonnes connaissances en mécanique avec ces formations. Techniquement, il faut effectivement de réelles connaissances en mécanique pour faire ce métier, d’ailleurs mes collègues ont une formation de mécanicien PL. »
« Au garage Spannagel, nous sommes une équipe de collègues très soudés, en plus de la concession voiture et du garage, notre activité de dépannage nécessite une belle organisation qui est directement chapeautée par Serge Spannagel, nous sommes structurés en deux équipes, une plus orientée vers le dépannage VL et VU et l’autre, dont je fais partie, qui gère la partie dépannage PL, nous faisons facilement 50 à 60 interventions PL par mois avec un périmètre global de 100 km et l’intervention sur des tronçons autoroutiers prédéfinis* par la SANEF.
Jean-Christophe : « Vraiment, en plus de nos connaissances mécaniques et de nos compétences en treuillage, avoir du sang-froid et le sens du contact est absolument nécessaire pour bien gérer toutes les situations. »
« Tout ce qui peut être fait sur place nous permet d’éviter le remorquage, qui reste le dernier recourt. Dans notre métier, toutes les situations sont différentes, après un premier contact téléphonique du client, de la gendarmerie ou encore de la SANEF et l’obtention des informations concernant la situation sur la route, tout va très vite. Tout d’abord, je rappelle toujours la personne sur la route.
Je sais déjà ce que je vais devoir faire en arrivant. Il faut, en premier lieu, vérifier que les protagonistes soient bien en sécurité avec leur gilet jaune derrière la glissière de sécurité. Simultanément, il est nécessaire de les rassurer et parfois d’absorber leur stress et leurs inquiétudes, ensuite nous avons tous les réflexes de début d’intervention**. De quels types de panne s’agit-il ? Est-ce un ensemble routier qui a pris une mauvaise trajectoire ? Est-ce une situation de crise où il y a un accident avec des blessés ?
Alors oui, il faut avoir du caractère et surtout ne pas paniquer, même si parfois, certaines situations restent insoutenables et vous marquent à vie. Pour ma part, ce sont les accidents qui impliquent des jeunes gens ou des enfants qui me touchent le plus, mais en toute circonstance, je réponds présent et surtout je m’attèle à gérer les dommages mécaniques, il convient alors d’être plutôt débrouillard, c’est un atout de taille. Il m’est aussi arrivé de me retrouver face à des conducteurs routiers qui ne veulent pas de mon assistance alors que la SANEF m’a expressément demandé de leur porter secours, afin qu’il ne soit plus en situation dangereuse sur les voies rapides, cela peut également générer des tensions, il est bon de s’y préparer. »
Jean-Christophe : « Le plus impressionnant pour moi et le plus intéressant, c’est toujours de relever un camion couché »
Quand notre dépanneuse est chargée, on peut dire que le plus gros du travail est fait. Ensuite, mise à part la vigilance qu’il faut toujours garder quand nous sommes au volant, nous roulons à 50 km/h (vitesse réglementée à partir de 3,5 T). C’est, en fait, souvent en amont que l’adrénaline peut monter, précisément pendant les interventions où la précision est de mise. Relever un camion requiert un réel savoir-faire, selon sa position, son poids, le sol sur lequel il s’est posé et surtout la nature de l’attelage (marchandise dangereuse ou pas, etc). Par exemple, quand nous nous confrontons à une semi frigorifique, la manœuvre est toujours délicate. La caisse renforcée de ce type de semi est souvent fragilisée par la marchandise qui a bougé. Nous travaillons aussi souvent avec un collègue pour ce type d’opération et la coordination est vitale pour bien gérer le treuillage et ne pas abîmer la charge.
Jean-Christophe : « En plus de la diversité de nos missions, une montée d’adrénaline accompagne chaque différente intervention »
Au niveau de la longueur et du poids de notre attelage, hormis le PMA1 à ne pas dépasser, nous sommes soumis à peu de contraintes. En outre, nous n’utilisons pas de carte pour le tachygraphe, comme les pompiers, sauf si nous devons dépasser les 100 km pour une mission, cela peut arriver de temps en temps, quand nous allons chercher un camion à Nancy ou à Paris.
Il nous arrive de déplacer des matériels insolites comme une rame de train, un bateau ou un convoi exceptionnel transportant une pâle d’éolienne de 50 m, nos missions sont très variées, nous n’avons pas le temps de nous ennuyer.
Jean-Christophe : « Charlène, c’est le top du top, c’est vraiment une grosse machine, peu de conducteurs ont la chance de travailler avec un tel engin, c’est vraiment une expérience au quotidien, il n’y a rien qui vous arrête avec cette machine-là. »
« Le confort pour moi est un plus important, et j’apprécie la cabine toute option de mon FH 16. Avec sa BV ultra crawler et ses réducteurs de pont, j’obtiens beaucoup plus de couple et de puissance comparé à certains tracteurs uniquement dédiés à la route.
Arracher un camion couché de 40T ou monter une côte avec 44T derrière, nécessite de pouvoir repartir sans difficulté. Ce tracteur, équipement compris, a un PMA1 de 120T. Il faut un camion puissant et lourd pour treuiller, un point d’ancrage conséquent est vital pour mener à bien nos missions. La plus lourde charge que j’ai tractée avec Charlène est un convoi exceptionnel qui lui-même portait une pelle à câble de 90T, vous imaginez la masse.
Ce camion travaille environ 7 années dans sa première vie à un rythme très soutenu, sachant que ce type de machine tourne beaucoup sur place pour assister le Rotator, le kilométrage n’est donc pas très important (61 000 km). Avec ce type d’engin, on arrive à relever les camions en toute sécurité sans avoir à décharger le tracteur immobilisé, c’est vraiment très puissant et pratique.
En 18 années, j’ai vu beaucoup évoluer les camions, leur maniabilité et leur confort grâce au travail des ingénieurs. En plus de cette grande évolution, de par nos compétences de mécaniciens et notre vision quotidienne du terrain, nous avons, chez Spannagel, tendance à souvent apporter quelques modifications pratiques sur nos engins pour nous faciliter la vie. Les commerciaux, lors de leur passage dans nos murs, les répertorient pour améliorer l’utilisation de certains outils du Rotator. »
Si vous avez un gout certain pour l’usage d’une clé à chocs, que les chaînes, les sangles, les poulies à renvoi et les roues à dents incarnent des activités tout à fait « dans vos cordes », alors foncez, tout en gardant en tête que ce métier nécessite du courage et de la ténacité. Il faudra également vous acquitter de quelques tâches administratives et travailler votre relationnel client.e.s.
Avant de pouvoir piloter une méga dépanneuse comme Jean-Christophe, vous commencerez sur les routes avec un plateau VL, afin d’apprendre comment faire du renvoi d’angle et comment utiliser un treuil de halage (6T) ? Rassurez-vous, la cohésion d’équipe et la transmission des connaissances font partie intégrante de ce corps de métier où rigueur et ouverture se côtoient au quotidien.
Alors si vous aimez la mécanique et que vous êtes décidé.e.s à faire quelques concessions au niveau de vos plannings hebdomadaires, vous êtes sans doute prêt.e.s à partager un morceau de BAU*** avec votre dépanneur-remorqueur référent 👍🏻🚛😊.
Catherine Godeloup Mahé pour Truckeditions – octobre 2022 © – Web-série My Job My Truck Saison 2 – Ep 5
*Sur l’A4, le tronçon de Metz à Sarreguemines, deux tronçons sur l’A314 et l’A315 et sur l’A320 de Freyming-Merlebach à Sarrebruck (frontière allemande).
** girophares allumés, mises en place des cônes et check de tous les types de panne souvent rencontrées selon les « symptômes rapidement détectables » : problèmes d’air, de carburant, filtre à gasoil, pneumatique, durite et pompe à eau, etc.
1PMA : Poids Maximum Autorisé autrement appelé PTAC (Poids Total Autorisé en Charge Poids).
*** BAU : bande d’arrêt d’urgence.
Formation requise pour le métier de remorqueur-dépanneur PL : CAP en mécanique et permis C et EC (et FCOS, CACES, FIMO).
Vous souhaitez en savoir plus sur le Volvo FH 16, c’est par ici
Intervenants dans ce reportage video Truckeditions.com : Jean-Christophe Paluch, remorqueur-dépanneur PL – Garage Spannagel, Vincent Mahé – Truckeditions.
Programme My Job My Truck – Réalisation Vincent Mahé – Images additionnelles / drone Sébastien Péresse – Directrice de production Catherine Mahé Godeloup – Production exécutive Lampyris Production – Musique Motion Array – Rock Tech Logo – FromTheDeph MyFavoritePlaceOnEarth ChasingTheShadow TheMomentsWeLiveFor LoveMeLikeYouUsesToKnowl – Truckeditions 2022 ©
La configuration du jour, un ensemble de 4 essieux avec un PTRA de 120 T :
> Tracteur Volvo FH 16 8×4 550 ch avec cabine Globe-trotter toute option.
> BV I-Shift vitesses ultra lentes (boîte ultra crawler)
> Rotator 1150 Jige International, fabriqué à Revigny-sur-Ornain dans la Meuse, équipé de 5 treuils avec une puissance de halage de 66 T en traction.