Mon Job, c’est transporteur de poissons vivants
My Job My Truck : transporteur de poissons vivants – Olivier Splingart
Il est 7h00, l’air est frais entre terre et eau, un impressionnant Volvo FH16 de 750 ch, porteur-remorqueur est stratégiquement parqué sur une langue de terre, tout proche de l’eau calme et poissonneuse. Nous sommes en Ariège sur les bords du magnifique lac de Montbel à Léran, précisément à la ferme aquacole du Plantaurel, dont l’activité est l’élevage de poissons d’eau douce depuis 1994.
Vincent est impatient de connaître le professionnel qui se cache derrière ce véhicule si particulier, équipé de 3 bonbonnes de 180 litres d’oxygène liquide et de 24 cuves de transport. Nous voici avec Olivier Splingart, principalement transporteur de poissons vivants, dont la mission du jour est de véhiculer sans encombre près de 2 500 truites arc-en-ciel à 300 km de là, dans les Landes, précisément à l‘usine Delmas de Castets.
Pour ce onzième épisode de My Job My Truck, c’est donc au cœur des Pyrénées cathares, toujours en compagnie de notre partenaire Volvo Trucks France, que commence notre immersion en compagnie d’Olivier, qui va nous apprendre comment son métier est captivant et parfois un peu stressant, dilettante s’abstenir…
Olivier, du haut de sa remorque : « Mon père était pisciculteur, tout comme mon grand-père pendant la guerre. Lorsque j’étais enfant, j’ai toujours rêvé de devenir transporteur de poissons en regardant les camions livrer du poisson à la maison. »
À 55 ans, Olivier Splingart, opiniâtre dans l’âme et 35 ans de transport de poissons vivants entre autres au compteur, a construit son parcours professionnel avec une logique implacable, complètement en phase avec ce qu’il avait imaginé plus jeune, il a créé son propre métier : « J’ai toujours rêvé de devenir transporteur de poissons en regardant les camions livrer du poisson à la maison lorsque j’étais enfant.
J’ai donc passé tous les diplômes nécessaires, mais il m’a fallu du temps pour que ce métier de niche décolle. J’ai tout d’abord travaillé en Russie pendant 15 années pour gagner ma vie et acheter mon propre camion. Au tout début, beaucoup de gens pensaient que cela ne fonctionnerait pas, mais j’ai persévéré, et cela fait maintenant 20 ans que je transporte principalement du poisson vivant. En fait, ce métier n’existait pas vraiment en France, mais au fil du temps, il a pris de l’ampleur.
Maintenant, j’ai deux camions qui roulent pour cette activité. Finalement, nous ne sommes que quelques collègues en France à faire ce job : il y en a un en Bretagne, un dans le Gard près de Nîmes, et moi dans l’Ouest.
Pour ce métier, Il faut bien sûr avoir les permis de conduire nécessaires, mais aussi obtenir des autorisations pour le transport d’animaux vivants. De plus, il est essentiel de comprendre les spécificités du transport de poissons vivants, ce qui demande une formation particulière*. Nous devons respecter des normes strictes en matière de bien-être animal et de sécurité sanitaire. Cela inclut l’obtention d’une autorisation spécifique pour le transport d’animaux au-delà de 65 kilomètres, à renouveler toutes les cinq années. Les chauffeurs doivent être formés et l’équipement doit être strictement adapté. »
Olivier :« Chaque transport est unique, avec son lot de défis. Il faut faire en sorte que les poissons ne soient pas stressés, ce sont des animaux très sensibles et nous faisons de notre mieux pour assurer leur bien-être. »
« Les paramètres de température, de pH et d’oxygénation sont à prendre en compte, tout cela doit être adapté en fonction du type de poisson que nous transportons et de son environnement. Des réglages sont donc nécessaires pour assurer un bien-être optimal aux poissons. De plus, une traçabilité rigoureuse est à respecter tout au long du transport, pour ce faire nous documentons chaque étape du voyage, de l’heure de départ au lieu de chargement, aux pauses, jusqu’à la destination finale. Les camions sont également suivis par GPS, et les autorités vétérinaires opèrent un suivi de tout cela. En fait, chaque transport est unique, avec son lot de défis.
Ces dernières années, il a fallu prendre en compte de nouveaux paramètres concernant le climat et ses changements : les hivers sont plus doux, ce qui signifie que nous pouvons rouler toute l’année, la neige n’étant plus un obstacle. A contrario, les canicules plus fréquentes peuvent poser problème. Certes nos cuves sont isothermes et maintiennent pendant un certain temps l’eau à une température d’environ 4 degrés, mais nous envisageons maintenant des camions équipés de systèmes de refroidissement de l’eau, ce qui nous permettrait de transporter du poisson même par temps très chaud. Une technique brevetée qui existe déjà en Belgique que nous allons adapter pour notre activité. »
Olivier : « C’est un métier exigeant et stressant. Peu de chauffeurs sont prêts à faire ce travail en raison de toutes les contraintes, et le processus de formation appropriée demande un investissement considérable en termes de temps. »
« Cette profession a ses bons et ses mauvais côtés, mais la satisfaction de faire partie des rares entreprises capables de transporter du poisson vivant est pour moi inestimable. Outre la conduite et la technicité de mon métier, ce que j’apprécie le plus, c’est d’être attendu chez nos clients comme le messie. Les pisciculteurs comptent sur nous, et cela ajoute une dimension gratifiante à notre travail.
C’est un métier très exigeant, à la fois en termes de réglementation et de conditions de travail, il faut avoir une bonne condition physique, être tonique et faire preuve de beaucoup d’adaptabilité au quotidien. Peu de chauffeurs sont prêts à faire ce travail en raison de toutes ses contraintes, et cela prend du temps pour former quelqu’un correctement. Le recrutement de chauffeurs est un défi majeur, nous cherchons constamment de nouveaux talents.
Être chauffeur est déjà exigeant, mais en tant que patron, il y a aussi tout le côté administratif à gérer, cela peut vite devenir infernal et assurément chronophage, mais c’est ma passion !
J’ai choisi de travailler en famille, et Antonin, mon beau-fils, collabore avec moi dans le domaine du convoyage de poissons. Il est sur la route toute l’année et conduit un tracteur Volvo FH de 550 ch, plus simple à manipuler que mon porteur-remorqueur. Je lui ai transmis le goût de ce métier, c’est aussi devenu un travail-passion pour lui maintenant et l’expression n’est pas galvaudée ici. »
Olivier : « Mon moteur, c’est la passion. J’ai toujours rêvé de travailler avec des camions depuis mon enfance, et aujourd’hui, je vis ce rêve. »
« Il m’arrive régulièrement d’être sept jours sur la route, pas de problème avec cela, mon FH16 est confortable. Par contre, rentrer à la maison est essentiel pour effectuer toute la maintenance nécessaire sur nos camions. Même si après chaque transport, nous procédons à une désinfection et à un nettoyage approfondi, nous devons également nous assurer de leur bon état et vérifier que tout est en ordre pour les prochains voyages.
Pour le transport d’animaux vivants, mon choix s’est porté sur un camion remorque, je voulais d’abord de l’adaptabilité et de la fiabilité, c’est un Volvo FH16 750 ch de 26 T avec une remorque de 18 T derrière, le tout équipé de caisses amovibles. Il m’arrive souvent de travailler sans la remorque, pour moi, c’est l’ensemble idéal pour transporter du poisson. Le camion d’Antonin, un Volvo FH de 550 ch est un tracteur semi-remorque, il est plus facile à piloter mais il va dans moins d’endroits, son atout est de rouler sans souci toute l’année du fait de sa grande polyvalence.
J’ai opté pour la puissance pour pouvoir gérer toutes les situations, mais je ne roule pas nécessairement très vite. L’essentiel est d’arriver à destination en toute sécurité.
Les tips d’Olivier : « Ma méthode pour évaluer les compétences de conduite des chauffeurs peut étonner mais elle est imparable… »
Ma méthode pour évaluer les compétences de conduite des chauffeurs peut étonner mais elle est imparable. Pour l’anecdote, J’ai appris à ma femme et à tous mes chauffeurs à conduire avec un verre d’eau aux deux tiers plein posé sur le tableau de bord. C’est un excellent indicateur de la qualité de la conduite : un bon chauffeur parvient à maintenir le verre en équilibre, tandis qu’un chauffeur moins expérimenté provoque des débordements. Cela montre à quel point la conduite en douceur est essentielle, surtout lorsqu’on transporte des animaux vivants. Malheureusement de nombreux conducteurs de camions se comportent comme s’ils conduisaient une voiture, en ignorant les spécificités de la conduite d’un camion.
Pour ma part, je pense qu’en adoptant une conduite maîtrisée et rationnelle, on peut économiser sur les coûts liés au carburant, aux pneus et aux freins. De plus, une gestion intelligente des itinéraires permet de réduire notre consommation de carburant, ce qui est bénéfique pour l’environnement et nos coûts.
Nous nous adaptons aux besoins des pisciculteurs en effectuant les chargements le matin et en mettant en rinçage la nuit. Cela nous donne la possibilité de maintenir une vie normale pour nos chauffeurs et de respecter les temps de pause. Cela nous permet de garantir également la sécurité et le bien-être des poissons pendant le transport, CQFD ! »
Conducteur routier émérite et patron investi dans son entreprise, Olivier Splingart a créé son propre écosystème pour faire le métier qu’il s’est choisi. Depuis 37 années, il fait aussi du transport pendant les vendanges pour Nicolas Feuillate parmi d’autres activités, tant qu’il y a du mouvement et de l’énergie, tout roule pour Olivier Splingart et son équipe.
Si vous partagez un intérêt pour l’eau et le vivant, le métier de transporteur de poissons vivants peut vous offrir une belle opportunité de vous réaliser professionnellement.
Nécessitant précision, compétence technique et une bonne forme physique, ce métier requiert aussi une conduite habile et la disposition à passer plusieurs jours hors de chez soi pour veiller sur ces précieuses créatures aquatiques.
Et si vous êtes intéressés par la pisciculture, vous serez en contact avec une multitude de métiers liés au poisson tout au long de son parcours de vie.
Pour finir, n’oublions pas votre attrait certain pour les belles machines roulantes puissantes équipées des dernières technologies… À n’en pas douter, comme un poisson dans l’eau, vous serez 🦈🚛😊 !
Catherine Godeloup Mahé pour Truckeditions – septembre 2023 © – Web-série My Job My Truck Saison 3 – Ep 11
*Certification requise pour le métier de conducteur convoyeur d’animaux vivants : CAPTAV (Certificat de compétence des conducteurs et des convoyeurs d’animaux vivants), visitez ce lien en complément afin d’avoir plus d’informations.
Vous souhaitez en savoir plus sur le Volvo FH16 750 ch
Intervenants dans ce reportage video Truckeditions.com : Olivier Splingart, conducteur et transporteur de poissons vivants – dirigeant Transport Olivier Splingart, François Viallessèche – responsable exploitation de la ferme aquacole de Montbel, Vincent Mahé – Truckeditions.
Programme My Job My Truck – Réalisation Vincent Mahé – Images additionnelles / drone Sébastien Péresse – Directrice de production Catherine Mahé Godeloup – Production exécutive Lampyris Production – Musique Motion Array – Rock / Tech logo / Rattlesnake-ShakeAHead- LoelLoopez-ShowMeYourFace/ ChasingTheShadow – Awesomemusic-FeelThisThythm / Sad Love Story -Truckeditions 2023 ©
La configuration du jour est composée d’un porteur FH16 DE 750 ch, 6X2 de 26 T avec un essieu redevable et d’une remorque de 18 T :
> Porteur Volvo FH16 750 CH
> Remorque Krone avec caisses amovibles.