Perspectives 2025 : un marché du transport routier en mutation, tendu face aux enjeux réglementaires et économiques
L’Observatoire du Véhicule Industriel (OVI) a publié ses analyses pour l’année 2024 et ses prévisions pour 2025. Tandis que l’année 2024 s’achève sur une performance contrastée dans le secteur du transport routier de marchandises et des véhicules industriels mais des avancées notables, 2025 s’annonce comme une année clé marquée par des défis économiques et réglementaires créant une tension sur le marché du TRM.
Les nouvelles normes européennes, visant à réduire les émissions de CO2, exercent une pression accrue sur les acteurs du secteur, impactant à la fois les prix des véhicules neufs et le coût total de détention (TCO), la tendance semble être au pessimisme pour la filière transport et ses partenaires économiques, malgré une réelle volonté d’avancer.
Une année 2024 marquée par des ralentissements significatifs en Europe
En Europe, les immatriculations de véhicules de plus de 3,5 tonnes ont atteint 389 889 unités, enregistrant une baisse de 5,9 % par rapport à 2023. Cette tendance varie selon les pays : l’Allemagne suit la moyenne européenne (-7 %), tandis que l’Espagne et l’Italie affichent des progressions respectives de 13,7 % et 2,6 %. En revanche, les pays d’Europe de l’Est subissent une chute drastique de 25,7 %, avec des marchés comme la Pologne enregistrant un recul de 15,8 %. Cette hétérogénéité illustre un marché européen sous pression, affecté par des carnets de commandes en baisse.
Le marché français des véhicules industriels : des disparités marquées
En France, le secteur des véhicules industriels a connu des dynamiques contrastées. Les immatriculations sur onze mois ont atteint 45 375 unités, soit une progression modeste de 1,8 %. Les porteurs ont enregistré une augmentation notable de 16,6 %, soutenue par des pics d’immatriculations en septembre et octobre (+183,4 % et +97,5 %). En revanche, les tracteurs affichent une diminution de 8,9 %, reflet des tensions dans les secteurs du transport et du BTP. Sur le plan énergétique, le diesel demeure dominant (90 % des volumes), tandis que les alternatives comme le B100 exclusif (5,6 %) et l’électrique (1,4 %) peinent à s’imposer.
Un marché de l’occasion sous tension
Le marché des véhicules d’occasion montre des signes de ralentissement, avec une baisse des ventes et des délais de revente en hausse. Les ventes de tracteurs d’occasion ont reculé de 30 %, entraînant une diminution des prix de 14 % en moyenne. Les porteurs, bien que moins affectés, suivent une trajectoire similaire. Les délais de revente atteignent désormais 69 jours pour les tracteurs et 73 jours pour les porteurs, contre 61 jours en décembre 2023. Malgré ces difficultés, les concessionnaires prévoient une stabilisation des stocks en 2025.
2025 : des changements réglementaires aux conséquences majeures
L’année 2025 verra l’entrée en vigueur de trois nouvelles réglementations européennes sur la décarbonation, avec des objectifs ambitieux pour réduire les émissions de CO2 des poids lourds et des véhicules utilitaires. Ces normes, assorties de pénalités pouvant atteindre 4 250 euros par gramme de CO2 émis au-delà des seuils, augmenteront les coûts d’acquisition des véhicules neufs. L’outil VECTO, qui calcule les émissions des poids lourds et semi-remorques, jouera un rôle central dans cette transition. Ces évolutions poseront des défis considérables aux entreprises, déjà confrontées à un environnement économique incertain.
« Le ralentissement annoncé par l’OVI pour le deuxième semestre s’est manifesté en Europe et en France, bien que le secteur des porteurs ait montré une performance notable de septembre à novembre. L’économie européenne et française ralentit, avec une baisse des carnets de commandes et l’absence d’amortissement par les délais de livraison. Les incertitudes économiques, fiscales et les nouvelles réglementations pour 2025 retardent les décisions d’investissement, générant de l’attentisme. 2025 et 2026 seront donc des années tendues pour le marché du neuf et de l’occasion. »
termine Arnaud Villéger, Directeur de l’Observatoire du Véhicule Industriel.
CGM pour Truckeditions
Plus d’infos sur l’Observatoire du Véhicule Industriel (OVI)
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