Point Presse de la CSIAM : perspectives du marché des véhicules industriels et transition énergétique
La Chambre Syndicale Internationale de l’Automobile et du Motocycle (CSIAM) a tenu son second point presse de l’année 2024 le 10 septembre, réunissant les principaux acteurs du secteur des véhicules industriels, dont des représentants de Daimler Truck, MAN Truck & Bus, Iveco, Volvo Trucks, ainsi que des fédérations professionnelles comme la FNTR et l’OTRE et encore l’énergéticien Total Energies parmi d’autres protagonistes du secteur. Ce rendez-vous a permis de faire le point sur les enjeux du marché et les perspectives de la filière, en particulier face aux défis de la décarbonation et de la transition énergétique.
Évolution du marché 2024 : croissance des véhicules utilitaires, ralentissement des poids lourds
Le bilan du marché des véhicules industriels sur la période de janvier à août 2024 montre une progression dans le segment des véhicules utilitaires, avec une augmentation de 8,1 % par rapport à 2023 sur les 8 premiers mois de l’année. Ce dynamisme est principalement tiré par les véhicules légers de moins de 3,5 tonnes, avec plus de 260 000 immatriculations enregistrées.
En revanche, le segment des poids lourds connaît un ralentissement notable. Les immatriculations ont chuté de 4,5 %, avec 33 766 unités contre plus de 35 000 l’année précédente à la même période. Après un début d’année porté par les commandes en cours, un retournement s’est amorcé à l’été, anticipant une baisse pour la fin d’année 2024. Les constructeurs s’accordent à dire que le marché devrait continuer à se contracter, après une année 2023 exceptionnellement forte avec près de 49 000 immatriculations.
Défis de la transition énergétique : entre décarbonation et adoption des énergies alternatives
Le secteur des véhicules industriels est confronté à des objectifs réglementaires stricts en matière de réduction des émissions de CO2, imposant une baisse de 45 % d’ici 2030 pour les poids lourds de plus de 16 tonnes, et une réduction de 90 % pour les autobus urbains à horizon 2035.
L’électrification du parc de véhicules industriels progresse, mais de manière plus lente que prévu. Actuellement, l’électrique représente 1 % des parts de marché pour les poids lourds, avec une légère progression sur les porteurs et tracteurs. Toutefois, des initiatives telles que l’appel à projets de l’ADEME en 2023, qui a permis de cofinancer 914 poids lourds électriques, devraient contribuer à une accélération des immatriculations en fin d’année.
Les biocarburants, comme le B100, connaissent une adoption croissante, notamment grâce à leur éligibilité au Crit’Air 1, doublant ainsi leur part de marché. L’hydrogène, encore en phase d’expérimentation, ne viendra se positionner sur le marché que plus tardivement et pour des usages ciblés.
L’enjeu des aides publiques
La CSIAM, en collaboration avec les fédérations du transport, insiste sur la nécessité de maintenir les aides publiques pour soutenir la transition énergétique du secteur. Le doublement de l’enveloppe budgétaire en 2024 pour l’achat de poids lourds électriques est un signal positif, mais il est impératif que cet effort soit poursuivi pour permettre à la filière de répondre aux enjeux de décarbonation tout en assurant sa compétitivité sur le marché européen.
Focus sur l’électrification des poids lourds : un marché encore à amorcer
Un des grands enjeux soulevés lors du point presse de la CSIAM est le lent décollage de l’électrification dans le secteur des poids lourds. Alors que la transition énergétique est au cœur des priorités, les poids lourds électriques peinent à s’imposer, en dépit des efforts des constructeurs et des aides publiques.
Des chiffres modestes mais en progression :
Les poids lourds électriques ne représentent encore qu’environ 1 % des parts de marché en 2024, soit environ 300 immatriculations sur les huit premiers mois de l’année. Si cette part reste faible, elle est en hausse par rapport à 2023, où le secteur commençait tout juste à émerger. L’appel à projet 2023 de l’ADEME a cependant marqué un tournant, permettant le cofinancement de 914 poids lourds électriques, dont 493 porteurs et 369 tracteurs. Ce chiffre semble être de bon augure pour la fin de l’année, où les immatriculations devraient augmenter de manière significative grâce aux projets qui ont abouti.
Une transition freinée par des coûts élevés :
Le coût d’acquisition des poids lourds électriques reste un frein majeur pour de nombreux transporteurs, notamment pour les petites et moyennes entreprises (PME). Alors que le coût d’un camion diesel classique avoisine les 100 000 euros, un camion électrique peut atteindre potentiellement les 200 000 à 300 000 euros, selon le modèle et la technologie embarquée. Cependant, les aides publiques peuvent couvrir une partie significative de cet écart, rendant ces véhicules plus accessibles. De plus, les constructeurs se concentrent sur la réduction du coût total de possession (TCO) à long terme.
Les délais de livraison des poids lourds électriques sont également un enjeu. Bien que les constructeurs aient investi massivement pour intégrer la production de ces véhicules dans leurs chaînes, il faut compter entre 3 et 6 mois pour la livraison, un délai qui pourrait augmenter si la demande explose.
Un autre point soulevé lors du point presse concerne l’infrastructure de recharge, encore insuffisante en France pour soutenir une adoption massive de poids lourds électriques.
Vers une démocratisation de l’électrique ?
Selon les protagonistes, malgré les obstacles mentionnés plus haut, la dynamique est enclenchée, et les transporteurs commencent à percevoir les avantages à long terme de l’électrique. Les premières expérimentations sur le terrain montrent que le coût total de possession (TCO) des poids lourds électriques va tendre à se rapprocher de celui des véhicules diesel. Cette convergence des coûts pourrait en accélérer l’adoption dans les années à venir, à condition que les pouvoirs publics maintiennent un cadre d’incitation favorable. Sur le terrain, les PME commencent timidement à basculer vers l’électrique, mais encore seulement si elles ont des clients prêts à accompagner cette démarche. Le sujet des différentes typologies d’entreprises est aussi une problématique à traiter sérieusement pour que la massification de l’électrique devienne un jour réalité.
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