Une photographie actualisée de l’emploi et de la formation dans le transport et la logistique pour 2024 : le rapport OPTL fait le point
L’édition 2024 du rapport de l’Observatoire Prospectif des Métiers et des Qualifications dans les Transports et la Logistique (OPTL) met en lumière les dynamiques d’emploi, les défis liés à la formation, et les transformations en cours dans le secteur du transport routier et de la logistique. Dans un contexte marqué par des bouleversements économiques et géopolitiques, le secteur démontre sa capacité d’adaptation tout en faisant face à des tensions structurelles. Cette synthèse révèle à la fois les évolutions quantitatives et qualitatives du secteur, en insistant sur les enjeux liés à l’écologie, à l’inclusion et à la formation continue.
Une progression limitée de l’emploi salarié
Le secteur des transports routiers et de la logistique comptait plus de 800 000 salariés au 31 décembre 2023, avec une légère hausse de 0,3 % de l’emploi salarié, soit concrètement 2 400 nouveaux emplois. Cette progression reste modeste par rapport aux augmentations observées en 2021 (+4,2 %) et 2022 (+1,3 %). En dépit de cette croissance globale, le transport routier de marchandises enregistre un recul de 0,5 %, ce qui illustre une disparité régionale et sectorielle marquée. Par exemple, l’Occitanie affiche une augmentation notable de 2,3 % de ses effectifs, tandis que la Nouvelle-Aquitaine subit un repli de 0,5 %.
Des défis liés à la formation et à l’attractivité des métiers
Gardons également en tête que l’impact social du transport routier est également un sujet de préoccupation. La pénurie de conducteurs qualifiés est un problème récurrent dans le secteur. En France, on estime qu’il manque environ 40 000 chauffeurs routiers. Pour pallier cette pénurie, des initiatives de formation et de reconversion sont mises en place. Plus largement, l’Union Européenne a récemment alloué un budget de 50 millions d’euros pour financer des programmes de formation destinés aux futurs conducteurs.
En 2023, plus de 40 860 nouveaux conducteurs ont été formés, un chiffre stable (+0,2 %). Toutefois, les formations post-bac en transport-logistique révèlent un déséquilibre : seules 28 % des candidatures aboutissent à une admission, et 49 % des formations n’ont pas rempli leur quota d’inscriptions. Cette disparité pourrait souligner que les nouveaux arrivants sont moins formés que leurs collègues plus expérimentés. Par ailleurs, le taux de réussite aux diplômes liés à la conduite s’élève à 89 %, reflétant une forte attractivité pour ces formations. Malgré cela, le secteur peine à recruter, en raison du vieillissement des effectifs* et de la faible proportion de jeunes professionnels intégrant ces métiers. De plus, il est noté que les anciens chômeurs bénéficient moins souvent d’une formation lors de l’embauche que les personnes déjà en emploi lors du recrutement. Ces chiffres mettent en évidence la nécessité pour les entreprises du secteur de renforcer les programmes de formation à destination des nouveaux employés afin de favoriser leur intégration et de répondre aux défis actuels du secteur.
Conditions de travail et enjeux de sécurité
La question des incivilités et violences envers les conducteurs semble préoccupante : 11 % des établissements déclarent avoir recensé de tels incidents en 2023, touchant particulièrement le transport de voyageurs (19 % des entreprises). Ces agressions sont majoritairement verbales (80 %), mais elles traduisent une dégradation des conditions de travail. Les initiatives pour former les conducteurs à la gestion des conflits sont cependant encore limitées, avec seulement 42 % des entreprises concernées ayant mis en place des dispositifs adaptés.
Transition écologique et nouvelles compétence requises
En outre le rapport met également l’accent sur la transition écologique, qui constitue un enjeu crucial pour le secteur. Si 36 % des établissements anticipent un impact de cette transition dans les deux prochaines années, 41 % ne prévoient pas de recrutement spécifique à l’horizon 2026. Cette adaptation concerne principalement les mécaniciens, conducteurs de véhicules lourds et exploitants transport, pour lesquels des compétences nouvelles seront requises. Paradoxalement, une majorité des entreprises interrogées (75 %) reste incertaine quant aux implications de ces évolutions sur les besoins en formation.
Les perspectives d’avenir pour le transport routier en France et en Europe sont toujours potentiellement prometteuses, malgré les défis actuels. L’intégration de technologies avancées, telles que l’intelligence artificielle et l’Internet des objets (IoT), permettra d’améliorer la gestion des flottes et de réduire les coûts opérationnels. Enfin, les efforts pour améliorer les conditions de travail des conducteurs, entre autres liés aux nouveaux outils technologiques, pourraient attirer de nouveaux talents dans le secteur.
CGM pour Truckeditions
*Moyenne d’âge des conducteurs routiers en France : 44 ans
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